Jën Rekk

L'ESTHETIQUE ET LE VECU A JOAL-FADIOUTH

Le poisson occupe une place centrale dans le vécu des populations de Joal-Fadiouth. Son exploitation quotidienne sous toutes ses formes, constitue l'activité génératrice de revenus la plus usitée aussi bien par les habitants du terroir que par des ressortissants de la sous région ouest africaine, voire au-delà. Ici on dit que : " l'argent sent le poisson"

Le projet “Jën Rekk” est une proposition artistique qui s'inspire et se fonde sur le vécu des populations pour créer une esthétique (peinture murale, mosaïque, sculpture, intervention sur les dos d’ânes) qui a été mise en place dans des endroits stratégiques de la cité (carrefour menant au port de pêche, carrefour de la route du Saloum, tout le long du mur de la façade de la Mairie de Joal-Fadiouth, sur la route de Khelkom...)
Par ces temps de fragilité sociale et environnementale, nous sommes convaincus qu’avec une réinitialisation du sens de l’auto prise en charge et de la prise de responsabilité à travers la créativité, on pourrait permettre à la population et à la région de redevenir une vibrante communauté.

Un artiste qui travaille et le contexte de création de son œuvre constituent naturellement des plateformes d’échanges et de communication qui donnent un accès à différents niveaux de réceptivité, d’expressivité et de sensations intelligibles ou non devant des problématiques complexes.
Jën Rekk/All About Fish est un travail qui traite de la question des communs et de l’en-commun, quoi de plus naturel pour nous. La gestion correcte ou incorrecte de nos ressources a un impact quasi charnel et souvent tragique avec notre vécu quotidien.
Malheureusement, les populations, à qui appartiennent les ressources, en profitent de moins en moins. C’est cela qui crée le violent fil conducteur entre la mort de la pêche artisanale et l’émigration clandestine et son lot d’innombrables de cadavres de jeunes africains qui jonchent la mer et le désert.

Différents acteurs de la pêche nous ont accordé des entretiens forts intéressants. Cela s'est fait avec la collaboration effective de Madame Dieynaba Gabrielle Ndiaye professeure de psychosociologie à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. A l’issue de ces entretiens qui constituent incontestablement une mine d'or pour nous, toute la perspective que l’on avait à propos de la problématique de la pêche a complètement changé. Nous avons pris conscience de beaucoup de choses que nous ignorions. On a ainsi collecté une multitude d’informations importantes et utiles concernant par exemple l’historique de la relation sociologique et culturelle entre les habitants de cette partie du Sénégal et la mer. Mais aussi les dynamiques de la relation de pouvoir dans la gestion des ressources halieutiques entre les populations, les gouvernants et les intérêts des investisseurs privés étrangers et locaux. Les enjeux de profits personnels et ceux de survie des populations s’opposent naturellement.

Nous avons trouvé absolument crucial et important que toutes les informations liées à la pratique de la pêche soient accessibles aux apprenants, donc disponibles sous la forme de curriculum dans les lieux de transmission de connaissances que sont les écoles, les lycées et collèges, les centres de formation du terroir. Cela pourrait faire l’objet d'ateliers d’information et de sensibilisation à l’intention des jeunes de notre région pour les initier à la connaissance réelle des ressources de la mer, des enjeux liés à leur gestion, à la protection de leurs acquis naturels.
Nous ne sommes pas des messies, mais nous pouvons percevoir et montrer la plupart des sillons tracés par le souffle des idées, des initiatives et de l’imagination pour que le goût de demain soit moins amer et plus empreint de dignité que celui d’aujourd’hui.

Amadou Kane Sy dit Kan-si

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Ce projet a été financé par la Fondation Doen ( Hollande )

Soutenu par la Commune de Joal-Fadiouth à travers la Mairie et tous les acteurs de la peche ( transformatrices, mareyeurs (ses), pêcheurs, organisations , activistes, populations )